Histoire de la crise du logiciel
Dans les années 1960 où le matériel (hardware) réalisait des avancées fulgurantes, les méthodes de développement logiciel restaient encore artisanales. Elles devenaient de moins en moins performantes pour satisfaire la demande explosive. Les ingénieurs peinaient à maîtriser la complexité croissante des programmes et faisaient face à de nombreux défis du secteur. Il s’agissait notamment des budgets de projet impartis, de l’incapacité à livrer des projets dans les temps et pour finir la qualité médiocre d’un code souvent impossible à maintenir. Cette évènement fut baptisé La crise du logiciel.
Face à ces défis majeurs (coût, délai, qualité), l’industrie a réagi en cherchant à professionnaliser le métier. Elle a mis en place des principes de travail appliqués à la conception, au développement et à la maintenance des logiciels. Aujourd’hui, une question se pose: l’avènement de l’Intelligence Artificielle (IA), en particulier l’IA générative, représente t’il la solution définitive à la Crise, ou est-il simplement une nouvelle source de complexités?

La Complexité dans le Cycle de Vie du Logiciel
L’un des facteurs fondamentaux de la Crise du Logiciel qui a rendu les dépassements de coûts et de délais quasi inévitables était la complexité intrinsèque du développement. Le développement logiciel se déroulait traditionnellement selon des phases séquentielles rigides, souvent inspirées du modèle en cascade, suivant trois grandes phases.

1. Phase d’Analyse et de Conception :
La première difficulté était la traduction des besoins métier, souvent ambigus et changeants, en spécifications techniques rigoureuses. La communication entre les experts du métier et les développeurs était une source majeure d’erreurs. Le travail exigeait une documentation exhaustive et figée en amont.
2. Phase de développement :
Le travail des développeurs le plus complexe ici était la traduction manuelle et répétitive de la logique en lignes de code concrètes. Ils passaient une part considérable de leur temps à écrire des codes pour: les accès aux bases de données, les gestions d’erreurs, les structures de données, et les tests unitaires.
3. Phase de Tests et de Maintenance
Les tests et la maintenance étaient chronophages et coûteux. Sans outils d’automatisation avancés, la validation de la qualité reposait lourdement sur des tests manuels.
La synergie entre développement logiciel et IA générative
La principale mission de l’IA dans la vie des développeurs repose sur l’automatisation des tâches. Cela tout au long du cycle de développement du logiciel. De cette mission il naît les principales tâches suivantes:
- Assistance à la rédaction des exigences fonctionnelles et non fonctionnelles;
- Automatisation de la rédaction d’une documentation soignée et fiable
- Génération et optimisation du code: l’IA est désormais vu comme un agent de codage assistant les développeurs pour produire rapidement un code claire, bien commenté et optimisé. Cette automatisation du code facilite l’intervention et la maintenabilité du code.
- Rédaction des documentations
- Génération et exécution des tests: afin d’assurer la qualité du logiciel à produire, l’IA générative permet de rédiger des tests adaptés de manière rapide sans se préoccuper d’un bug quelconque.
L’IA et l’émergence de nouvelles tendances
Autres fois, le profil de développeur était réservé aux personnes capables d’interpréter des situations complexes grâce à la maîtrise du code et de l’algorithmique pure. Aujourd’hui, ces tendances émergeantes viennent déconstruire cette approche et offre la possibilité même au débutant d’écrire avec l’IA des lignes de codes fonctionnelles, rapides et sans limites.
Cette facilité d’accès aux solutions d’IA ouvrent la voie à des tendances populaires qui redéfinissent la vie des futures développeurs:
1- No-Code / Low-Code
Les plateformes de No-Code / Low-Code permettent de créer des applications complètes via des interfaces graphiques (glisser-déposer) ou une logique simplifiée, minimisant la quantité de code manuel nécessaire. L’IA agit comme un « traducteur universel ». L’utilisateur exprime un besoin (« Je veux une base de données d’utilisateurs avec un formulaire d’inscription »), et l’IA génère les composants et la logique sous-jacente (Low-Code) ou configure la plateforme (No-Code).
2- Le Vibe-Coding et l’ingénierie du Prompt
L’émergence des agents de codage comme Copilot donne naissance au concept de Vibe-Coding, où le développeur se concentre sur l’intention et le feeling général (la « vibe ») plutôt que sur l’exécution syntaxique détaillée. Il exprime ses besoins en langage naturel (via un prompt). La compétence valorisée ici est l’ingénierie du prompt.
3- Solutions de Refactoring et d’Audit Automatisé
Désormais l’IA ne fait pas que générer, elle entretient et optimise. Elle peut analyser des bases de code existantes, même très anciennes ou complexes, et proposer automatiquement des solutions de refactorisation pour améliorer la lisibilité, la performance et la maintenabilité.
Les limites de l’IA
Même si l’IA vient booster la vitesse de travail des développeur, il présente également des dangers auxquels seront confrontés les professionnels de demain.
- Code inexact : Le risque ici se trouvant dans une incapacité d’utiliser à bon efficience l’outil de la révolution. Si 10 personnes sur 100 peuvent générer du code avec l’IA sans avoir à maîtriser les fondamentaux, le nombre de bugs à résoudre serait multiplié par 10. La structure du logiciel est non évolutive et peu fiable (si mauvaise conception), les tests unitaires deviennent alors des tâches plus complexes à réaliser que le logiciel en lui même.
- Les risques d’insécurité: Si le logiciel est produit par l’IA, il est vrai que cette dernière a accès aux données des utilisateurs et s’en sert pour apprendre davantage. Ces données étant personnelles, la mauvaise utilisation de l’IA expose véritablement les personnes concernées à des risques d’insécurités. D’où l’émergence du concept de l’Ethique et la gouvernance de l’IA.
- Manque d’innovation : il est vrai que l’IA génère des choses incroyables, mais à la limite elle manque de créativité et de personnalisation. Par exemple, sur 10 sites internet générés par l’IA il y a au moins 5 points de ressemblance, c’est notamment visible avec la structure des tableaux, le ton avec lequel sont rédigés les textes, les formes et l’agencement des couleurs et bien d’autres.
L’avènement de l’IA générative représente une grande opportunité pour aborder la Crise du Logiciel en s’attaquant à la complexité logicielle. L’automatisation et l’optimisation du code offre ainsi l’amélioration de la qualité logiciel. Toutefois, elle introduit de nouveaux défis (code inexact, risques de sécurité). C’est pourquoi le développeur qui maîtrise les fondamentaux et sait utiliser les outils d’IA est indispensable. Car on ne peut automatiser ce que l’on ne comprend pas.
